Cliniques de l’exil, anti-racisme et colonialité

Non-lieux de l'exil
3 rue d’Ulm 75005 Paris
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14 juin 2023
17:00
À propos de l'évènement

14 juin 2023, 17h-20h, Collège de France, 3 rue d’Ulm, 75005 Paris (salle du rez-de chaussée). Attention, les doctorant.e.s de l’E.D. 396 de l’Université de Paris Nanterre doivent s’inscrire auprès de Saskia Cousin)

Entrée libre, séance en présentiel, lien zoom sur cette page 48 heures avant: https://nle.hypotheses.org/8767#more-8767

Introduction et co-coordination Laure Wolmark (Crash / MSF) et Léo Manac’h (Ceped, U. de Paris-Cité, ICM)

avec :

  • Sophie Mendelsohn  (psychanalyste, Collectif de Pantin)
  • Michaëla Danjé (écrivaine, chercheuse, documentariste, rapeuse, collectif Cases Rebelles)
  • Ana Gebrim (psychologue, École de Sociologie et Politique de São Paulo)

Les nouages psychiques du racisme et de la colonialité / colonisation sont au coeur de l’oeuvre de Frantz Fanon, en premier lieu dans Peaux noires masques blancs. Cependant, la réflexion sur le lien entre colonialité et psychologie/psychanalyse semble tenir une place encore trop marginale à la fois dans les pensées décoloniales et dans les théories et pratiques de soins psychiques.

Pour autant, la question raciale n’est pas étrangère à certains champs associatifs et institutionnels : les cliniques auprès des personnes exilées ont constitué le champ de vives polémiques autour de l’ethnopsychiatrie, dans les années 1990 et 2000. Par ailleurs, les controverses et anathèmes lancés dans une forme de « panique décoloniale » chez les psychanalystes(1) depuis la fin des années 2010 illustrent l’actualité des débats autour de la transformation de ce champ par la circulation des pensées de la colonialité et de l’intersectionnalité.

Sans prétendre faire le tour de la question, nous aimerions aborder avec nos intervenant-e-s la manière dont les pensées et engagements décoloniaux et anti-racistes sont susceptibles de modifier le champ « psy », particulièrement les théories et cliniques de l’exil. Quelle place est laissée à l’expérience des personnes exilées dans cette évolution des théories, au regard de la domination épistémique des soignant-e-s et chercheur-se-s? Quelles dissensions, frictions, subversions des ordres soignants établis, naissent-elles de l’introduction des questions raciales et décoloniales dans le savoir et les pratiques de soins ?

(1)Tribune “La pensée “décoloniale” renforce le narcissisme des petites différences’ publiée dans le journal Le Monde, le 25 septembre 2019, https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/25/la-pensee-decoloniale-renforce-le-narcissisme-des-petites-differences_6012925_3232.html et réponse dans Libération du 3 octobre 2019, “Panique décoloniale chez les psychanalystes” , https://www.liberation.fr/debats/2019/10/03/panique-decoloniale-chez-les-psychanalystes_1755259,

Présentation des Intervenant·e·s

Michaëla DANJÉ. Afrocaribéenne et nordiste, est co-fondatrice et membre du collectif Cases Rebelles, écrivaine, chercheuse indépendante, documentariste et rappeuse. Elle a notamment travaillé sur les liens entre violences d’état et santé mentale.

Ana GEBRIM pratique la psychanalyse à São Paulo, Brésil. Elle enseigne à l’École de Sociologie et Politique de São Paulo et donne des séminaires à l’Institut Sedes Sapientiae centrés sur la formation des analystes. Depuis plusieurs années, elle réfléchit sur la clinique avec des personnes exilées au Brésil et en France. Parmi ces publications sur ces thèmes: « L’inconscient colonial dans la relation intersubjective avec l’exilé » Journal des anthropologues. Hors Série, 2018. « Nouvelles migrations au Brésil : des représentations de l’accueil aux formes contemporaines de racisme » (avec Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky), Brésil(s), FMSH Paris, b°12, 2017 et d’autres publiés au Brésil, en langue portugaise.

Sophie MENDELSOHN exerce la psychanalyse à Paris. Elle est à l’initiative de la création du Collectif de Pantin (www.collectif de pantin.org) qui travaille les questions de race et de racisme avec les outils de la psychanalyse. Elle est la co-autrice, avec Livio Boni, d’un livre publié en 2021 à la Découverte, La vie psychique du racisme, ainsi que de nombreux articles sur les articulations de la psychanalyse aux genres, aux arts et aux philosophies, dans des revues comme Critique, L’Evolution psychiatrique, Savoirs et clinique, Psychanalyse, etc.

Léo MANAC’H est doctorant en anthropologie (Ceped, U. de Paris, ANRS, Institut Convergences Migrations), ses travaux portent sur les effets de la violence des politiques migratoires sur les subjectivités des personnes étrangères et sur l’organisation de résistances en prise avec le contexte répressif français. Sa thèse est consacrée à l’étude des mobilisations pour la défense des droits des personnes étrangères malades dans un contexte de restrictions progressives du droit au séjour pour soin. Ces restrictions sont comprises comme des politiques de découragement qui ciblent les personnes étrangères et les mobilisations politiques qui les soutiennent. L’engagement politique est restitué dans une situation plus large de restriction des droits des personnes n’ayant pas la nationalité de l’État dans lequel elles résident et de banalisation d’un ordre des discours xénophobe.  Parmi ses dernières publications  (avec Amira Yahiaoui) « L’enfermement des étrangers en France : une clinique du non-lieu ? Perspectives comparatives entre psychanalyse et anthropologie », Recherches en psychanalyse, vol. 31, no. 1, 2021, p. 24-43;  Manac’h, Léopoldine. « », in Huët Romain (dir.). De si violentes fatigues. Les devenirs politiques de l’épuisement politique, Paris, PUF, 2021; Manac’h, Léopoldine. « Un sas de confinement pour les “dublinés” », Plein droit, no. 122, octobre 2019, p. 26–29; Manac’h, Léopoldine. « Faire face aux politiques de découragement », Savoirs des luttes, luttes des savoirs [carnet de recherche], 27 mars 2019 [   et Huët, Romain et Manac’h, Léopoldine. « Expérience de l’exil, de la précarité et performativité politique. Un questionnement philosophique sur l’expérience sociale de “l’exilé” », Implications philosophiques, 2018 [en ligne]

Laure WOLMARK est psychologue, et travaille actuellement à un projet de recherche sur la santé mentale pour le Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires (Crash / Fondation MSF).   Elle a été volontaire pour Médecins sans Frontières dans des contextes de violence et de conflits armés. Elle a travaillé jusqu’en 2021 au Comede (Comité pour la santé pour les exilé·e·s) en tant que psychothérapeute et coordinatrice nationale du pôle santé mentale. Ses recherches et sa pratique s’inscrivent dans le champ de la clinique de l’exil, du trauma et de la psychologie humanitaire. Parmi ses publications :  « Les lieux de l’exil, subjectivités dans l’espace thérapeutique.» (Journal des Anthropologues, déc. 2018), “Transmettre pour exister: la fonction des récits traumatiques”, dans l’ouvrage collectif  Violence et récit (ed. Hermann, dir. Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky.) et  “Géopolitique de l’exil. Hommes exilés victimes de violences liées au genre et trauma complexe” (Revue l’Autre, 2022, avec Muriel Bamberger).

Non-lieux de l’exil est un collectif de recherche, cette année affilié à Institut Convergences Migrations / Collège de France (Programme Co-Front) et à l’ED 396 Université de Paris-Nanterre et conçu en partenariat avec le GERiiCO (Université de Lille), le Sophiapol (Université de Nanterre) l’axe de recherche 1 “S’approprier, contester, lutter : spatialité, domination, violence” du CESSMA (UMR 245) et le  groupe de recherche Aesthetics, Politics & Knowledge de l’Institut de Philosophie de l’Université de Porto. Il est également qualifiant pour le Master Migrations (ICM, EHESS, Université de Paris I). Non-lieux de l’exil coordonne un séminaire, des journées d’étude et s’associe chaque année avec des partenaires pour différentes manifestations (colloques, table-rondes, interventions).

Image du bandeau : Détail d’une oeuvre de Denyse Thomasos, Art Gallery of Ontario, cliché ALG. oct.2022

14 juin 2023
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Evènement en ligne
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