K comme Kolonie. Kafka et la décolonisation de l'imaginaire
Marie José Mondzain écrit ceci : « le colonialisme est désormais à penser au présent avec l’aide de celles et de ceux qui furent historiquement colonisés. La décolonisation déborde le cadre des anciens empires pour devenir le problème mondial des atteintes portées à la dignité et à la liberté de tous les sujets sans exception », et de poursuivre : « c‘est à la lumière de la relecture de Kafka que j’ai trouvé le fil conducteur qui me guide dans le labyrinthe infiniment complexe et contradictoire des opérations colonisatrices. La poétique fictionnelle de « la Colonie pénitentiaire » croisera plusieurs pistes, celle de l’histoire politique qui la précède et qui la suit, celle de la biographie, celle également de mes années de recherche sur la genèse iconocratique du capitalisme à partir de la culture chrétienne et de ce que sa catholicité indique quant à sa prétention universaliste. Comment comprendre l’inscription de la loi dans la chair, la puissance des empreintes creusées dans l’imaginaire, sans repenser politiquement la fable de l’incarnation ».
En faisant dans notre séminaire le pari que c’est à partir de ses empreintes subjectives qu’une radiographie du « racisme intime » s’appréhende pour la psychanalyse, c’est avec en arrière fond le bruit de ce monde transit de l’intranquillité, qu’il s’agit d’écouter les voix de celles et de ceux de l’autre rive, qui témoignent dans leur chair et dans leur imaginaire tatoués, de cette cécité et de cet aveuglement, dans l’art du récit et de la fiction comme autant d’œuvre d’affranchissements toujours inachevés.
Marie José Mondzain est philosophe, écrivain et critique d’art. Elle est née en Algérie où elle a vécu une partie de son enfance. Directrice émérite au CNRS, spécialiste du rapport à l’image, son travail se prolonge dans le champ politique. Elle a publié entre autres « Image, icône, économie : les sources byzantines de l'imaginaire contemporain » (Seuil), « Le commerce des regards », « Homo spectator » (Bayard) ou « qu’est-ce que tu vois » (Gallimard). Son ouvrage paru en 2016 aux Éditions Les liens qui libèrent, sous le titre de « Confiscation des mots des images et du temps pour une autre radicalité » est traduit en arabe.
Par Abdel Majid Safouane et Catherine Saladin
Lien Zoom ICI.
ID de réunion : 885 3249 4289 ; Code secret : 412745
espace.analytique@wanadoo.fr
