Décoloniser l'inconscient

Frédéric Baitinger
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06 juillet 2021
18:00
À propos de l'évènement
Judith Butler : La matrice hétérosexuelle et la mélancolie du genre. 18h-20h

Bourlez, Fabrice. Queer psychanalyse : Clinique mineure et déconstruction du genre. Paris : Herman Editeur, 2018.
Butler, Judith. Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity. New York : Routledge, 1990. The Psychic Life of Power: Theories in Subjection. Stanford University Press. 1997.
Sedgwick-Kosofsky, Eve. Epistemology of the Closet. Berkley : University of California Press, 1990.

Revenant sur les fondements théoriques de ce que Préciado appelle “l’épistémologie de la différence sexuelle” et “la violence hétéropatriacale et coloniale”, ce troisième cours proposera la lecture de deux textes de la théoricienne du genre Judith Butler à qui Preciado dédie son livre. Plus substantiellement, ce cours étudiera la manière dont Butler analyse ce qu’elle nomme la “matrice hétérosexuelle” dans Trouble dans le genre (1990), et la “mélancolie du genre” dans La Vie psychique du pouvoir (1997). Car Butler, dans le sillage de Derrida et de Luce Irigaray, défend dans ces deux textes majeurs que le structuralisme tel qu’investis par Saussure en linguistique, Levi-Strauss en anthropologie et le premier Lacan en psychanalyse, s’assimile à une réification d’un certain fonctionnement symbolique fondé sur l’idée que les structures sociales forment une totalité close, qui elles-mêmes se fondent sur la préservation de l’identité masculine et de sa signification dans le système. C’est pourquoi, selon Butler, contrairement à ce que ses détracteurs pensent, l’analyse du genre en termes de construction sociale n’est pas moins oppressive que ne l’est l’approche biologique du genre — car elle reproduit, elle aussi, une forme d’universalisme incompatible avec tout type de subversion ou de changement. En ses termes, il faut davantage s’efforcer d’articuler une théorie symbolique du genre à la contingence de son incarnation. Car ce n’est qu’à condition de prendre en compte ce réel singulier que le caractère construit du genre pourra retrouver sa fluidité et se rapporter alors aux multiples façons dont les corps sexués peuvent entrer en contact, subvertir voire se départir des structures symboliques de genre dans lesquelles ils évoluent.

Qualifié au titre de maître de conférence dans la section 17 (philosophie) du CNU en 2020, Frédéric Baitinger est l’auteur d’une thèse intitulée The Subject of Jouissance: The Late Lacan and Gender and Queer Theories [Le sujet de la jouissance : le dernier Lacan et les études du genre et queer] soutenue en 2019 à l’Université publique de New York (The Graduate Center, CUNY), thèse dans laquelle il explore les implications critiques du dernier enseignement de Jacques Lacan, tant quant au dépassement des limites oedipiennes en psychanalyse que du renouveau qu’il apporte dans le champ des études queer et féministes du point de vue de l’identité. Il a publié de nombreux articles dans diverses revues de psychanalyse (The Lacanian Review, Lacanian Ink, Lacanian Review Online) et de philosophie (Humoresques, Les cahiers Leon Chestov, etc.) ainsi que plusieurs chapitres d’ouvrages collectifs dans The Lacanian Series des éditions Palgrave Mcmillan. Il est également membre de l’association Médecine et psychanalyse dans la cité et analyste en formation au département de psychanalyse de l’université Paris 8, à la section clinique Paris-Ile-de-France d’UFORCA et au Centre de Soins, d’accompagnement et de prévention en adictologie (CSAPA MELTEM) de l’UDSM. Profile Academia : https://univ-paris8.academia.edu/FredBaitinger

Retrouvez ICI l'intégralité du programme de ce séminaire.

06 juillet 2021
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