Nous reportons ici l'entretien réalisé par Sarah Al-Matary, dans La Vie des idées du 10 janvier 2020. ISSN : 2105-3030.
Livio Boni est philosophe de formation et docteur en psychopathologie et psychanalyse (Université de Paris VII). Membre du Collectif de Pantin, il dirige actuellement le programme «Géographies de la psychanalyse et décolonisation de soi» au Collège International de Philosophie. Parmi ses publications : L’Inde de la psychanalyse. Le sous-continent de l’inconscient (Paris, Campagne Première, 2011) ; La ville inconsciente (avec Guillaume Sibertin-Blanc, Paris, Hermann, 2018) et L’inconscio post-coloniale. Geopolitica della psicoanalisi (Milano, Mimesis, 2018).
Sophie Mendelsohn exerce la psychanalyse à Paris. Ses recherches portent sur les liens que la psychanalyse entretient avec les théories critiques du genre et de la race, avec la littérature et la philosophie. Elle a contribué à différentes revues, dont Les Annales médico-psychologiques, Critique, Desde el Jardin de Freud, L’Évolution psychiatrique, Essaim, Problemata, Psychanalyse. Elle a été à l’initiative de la création du Collectif de Pantin et en co-organise actuellement les activités.
Sophie Mendelsohn : La virtualité politique de la psychanalyse est précocement perçue par Freud, qu’il s’agisse pour lui de mettre en garde, avec des arguments psychanalytiques, contre la violence contenue dans les idéaux révolutionnaires de la Russie d’octobre 1917, ou de soutenir l’œuvre sociale accomplie par Karl Abraham à la polyclinique de Berlin pour mettre la cure psychanalytique à la portée de tous en la rendant gratuite. Mais Freud refuse de faire de la psychanalyse elle-même un programme politique – la psychanalyse n’est ni une « conception du monde » (Weltanschauung), ni une idéologie [...]